
Sadio Mané, l’un des flamboyants attaquants de la sélection sénégalaise, s’avance vers le point de penalty, ce dimanche 6 février. Dans 10 secondes il a rendez-vous avec l’Histoire. Face à lui, Abou Gabal, le redoutable gardien des Pharaons égyptiens, une Egypte 7 fois championne d’Afrique… Comme le géant Atlas de la mythologie grecque, Sadio Mané porte tout un continent sur ses épaules, de Dakar au Cap de Bonne Espérance.
Le Sénégal a déjà perdu 2 finales aux tirs aux buts. Sadio Mané a déjà raté un pénalty décisif à la 7° minute de ce match, un ratage brûlant, comme une morsure mortelle de serpent. Peut-être pense-t-il à la phrase wolofe : « Ku jaan màtt sama xel dem ci dee ; ba ngay dundd ak ngay déé yëpp, sama xel dem ci dee : « Celui que le serpent a mordu me fait toujours penser à la mort. Soit qu’il y survive, soit qu’il en meure, j’aurai l’esprit obsédé par la mort« . Sadio Mané, doit écarter le doute et oublier l’échec. Il doit effacer de son esprit la morsure mortelle du serpent, pour conduire son pays sur le toit de l’Afrique. Il a rendez-vous avec l’Histoire. Il marche d’un pas décidé et frappe avec une force définitive le ballon qu’il envoie dans les buts égyptiens. Le ballon de la victoire libère des millions de rêves, d’espoirs et d’enthousiasmes emprisonnés dans l’angoisse irrespirable des tirs au but. La Coupe dorée du Graal du football africain est en vue. Le jour de gloire est arrivé.
Retour vers le futur
En 2002, le Sénégal avait perdu la finale de la CAN aux tirs au but, face au Cameroun. Néanmoins ce fut l’année de l’émergence brillante des Lions de la Teranga qui éliminèrent au Mondial de la même année la France championne du monde de 1998, champion sortant. Toute une génération dorée de joueurs d’exceptions allait inscrire le nom du Sénégal dans la mémoire du football africain : Papa Bouba Diop, El Hadji Diop, Salif Diao, Henri Camara, Khalilou Fadiga, Tony Silva… C’était le début d’une longue avancée vers les sommets de la Coupe d’Afrique des Nations. Avec le coach Aliou Cissé, nommé en remplacement d’Alain Giresse en 2015, c’est un nouvel itinéraire qui commence pour la sélection sénégalaise. Dès 2017 elle est déjà en quarts de finale de la Coupe d’Afrique. En 2019, elle atteint la finale et perd 1-0 contre l’Algérie, qui défend les 3/4 du match un but marqué en début de partie. Mais dès 2015 la construction d’une sélection à envergure continentale, avec pari sur l’avenir, était lancée.
La conquête du Graal africain
Pour la CAN 2022 la sélection emmenée par Aliou Cissé était prête. Elle avait la meilleure défense du tournoi, seulement 2 buts encaissés avant la finale, avec des défenseurs relanceurs : Kalidou Coulibaly (Naples), Bouna Sarr (Bayern de Munich), Abdou Diallo (PSG), Saliou Ciss (Nancy). Elle pouvait compterégalement sur les performances du gardien de but Edouard Mendy, sacré meilleur gardien du monde. Le milieu de terrain polyvalent pouvait seconder efficacement l’attaque ou renforcer la défense. Citons entre autres : Cheikhou Kouyaté (Crystal Palace, Angleterre), Idrissa Gana Gueye (PSG), Mampalys Mendy (Leicester, Angleterre). En première ligne le coach a placé une nouvelle génération d’attaquants rapides, techniques et virevoltants : Boulaye Dia (Villa Real, Espagne), Bamba Dieng (Marseille), Famara Diedhiou (Alanyaspor, Turquie), Ismaïla Sarr (Watford, Angleterre)
Auteur : Rafael LUCAS KDMédia
