
Après la 97ème minute du match Brésil-Sénégal de ce mardi 20 juin 2023, l’arbitre Gustavo Fernandes Correia vient de siffler la fin de deux grandes séquences d’émotion au stade Alvalade de Lisbonne : une samba triste pour les magiciens brésiliens, une victoire éclatante pour les étoiles montantes du football africain, les Lions de la Téranga sénégalaise. Les Lions ont étouffé, neutralisé, désacralisé la magie brésilienne. Le score est éloquent : Sénégal : 4 Brésil : 2.
Samba da desilusão dans la presse brésilienne
Pour la presse brésilienne, cette défaite rappelle le souvenir traumatisant d’une défaite catastrophique contre l’Allemagne, le 8 juillet 2014, en demi-finales du Mondial, sur le score de 7-1 en faveur de l’Allemagne. A Folha de São Paulo titre : » Batida pelo Senegal, a Seleção brasileira leva quatro pela primeira vez desde o 7 a1″ (Battue 4-2 par le Sénégal, la Sélection brésilienne en prend quatre, pour la première fois depuis le 7 à 1). Le journal O Globo reprend la même référence de la défaite historique de 2014. Le Mundo Deportivo parle de « derrota contundente » (défaite cuisante). Le journal Marca donne un peu plus d’explication en expliquant la solidité du « mur sénégalais » de la défense de la Téranga et de l’efficacité meurtrière de Sadio Mané qui a « ruiné » les espoirs de la fête brésilienne. Le magazine Isto é a proposé une interprétation plus détaillée en trois points principaux : » Le Sénégal de Sadio Mané a progressé en possession de ballon, il a confirmé ses progrès défensifs et il a fermé l’espace aux joueurs brésiliens. » Quant au quotidien O Jornal do Brasil, il a rendu un hommage appuyé à l’entraîneur sénégalais Aliou Cissé, qui est ne l’oublions pas, le vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2023. Néanmoins, dans l’ensemble, la presse brésilienne a trouvé un bouc émissaire idéal, l’entraîneur Ramon Menezes, dont on se souvient brusquement qu’il n’est qu’un « entraîneur intérimaire » qui « entraînait jusque-là les U20 » (l’équipe des moins de 20 ans)… Le Figaro ajoute que Neymar, l’attaquant vedette était blessé…
Les Lions avaient les crocs
Pour Eurosport « les Lions avaient les crocs » tandis qu’Afrik Foot préfère une image de boxe « Le Sénégal envoie le Brésil au tapis ». La presse sénégalaise privilégie la notion d’exploit. France Football parle « du carton du Sénégal ». Pourtant le match avait plutôt bien commencé pour les Brésiliens lorsque l’attaquant du Real Madrid, Vinicius Junior dépose à la 11° minute un ballon dosé au millimètre sur la tête de Paquetá qui ouvre le score. Mais une dizaine de minutes plus tard Habib Diallo prend de vitesse la défense brésilienne et égalise à la 22° minute. L’espoir vient de changer de camp et ne reviendra plus du côté brésilien. Au tout début de la 2° mi-temps le défenseur brésilien Marquinhos marque contre son camp, à la 52 ° minute !!! On ne peut guère parler de maraboutage ! Car l’équipe championne d’Afrique a retrouvé son football, bien construit, technique et virevoltant. Sadio Mané, le Lion de Bambali (Moyenne Casamance sénégalaise) mettra les deux derniers coups de griffe qui vont terrasser la Seleção. Un but à la 55° minute et son deuxième à la 97° et ultime minute du match… Cette victoire africaine aux dépens des « magiciens du ballon rond » brésilien est-elle si surprenante ?
Le football brésilien défait par Les Lions de l’Afrique
En y regardant bien, c’est le troisième échec de la sélection nationale du football brésilien devant des équipes africaines qui ont pour emblème les Lions. La première fois c’était devant les Lions Indomptables du Cameroun, le 2 décembre 2022, au Mondial du Qatar. La deuxième fois il s’agissait des Lions de l’Atlas de la sélection marocaine, le samedi 25 mars 2023 à Tanger. La troisième fois c’est face aux Lions de la Téranga du Sénégal.
Le football africain est en pleine ascension et il rebat les cartes de la hiérarchie mondiale du foot. Dans le cas du Sénégal, la renaissance footballistique date de 2002, lors d’une victoire mémorable contre les champions du Monde sortants, la sélection française post 1998. En outre le football sénégalais a entrepris depuis une vingtaine d’années une véritable stratégie de long terme dans des centres de formation, notamment l’Institut Djambars. De ces centres sont issus des joueurs de renom comme Saliou Ciss, Idrissa Gueye, Bamba Dieng, Ismaïla Sarr, ainsi que des joueurs comme Habib Diallo et un certain Sadio Mané…
Auteur : Rafael Lucas
