
On ne peut pas contribuer à renforcer l’émancipation des femmes des femmes si on ne les écoute pas, si on ne leur donne pas plus souvent la parole, si on n’écoute pas leurs histoires » disait Gloria Sternem, femme américaine, journaliste et défenseuse des droits de l’homme des droits de l’homme. En tout cas c’est ce qu’a fait Kaddu Diaspora Média en allant rencontrer, dans le cadre de la soirée de gala dédiée aux femmes entrepreneuses des diasporas qu’elle a initiée, Fatou FALL, propriétaire de Taajal Ma Fatou, Traiteur. Rencontre
Auteur : Moussa Diop
Comment l’idée d’entreprendre est arrivée ?
J’ai arrêté l’école un peu tôt et je me suis mise dans le commerce. Tout s’est passé très bien toute jeune. J’habitais à côté du marché HLM. C’est là où tout a commencé. A partir de ce moment-là, j’ai fait les boutiques de vente de bijoux de fantaisie, de prêt-à-porter. Ensuite j’ai ouvert ma première boutique en 2009. C’était une boutique où je faisais les ongles et les cils, je vendais aussi des accessoires des sacs, des chaussures, un peu de tout en somme. L’idée vient de là. Puis toute jeune je suis arrivée en France, donc il y a plus d’une dizaine d’années. J’ai suivi une formation dans la restauration qui d’ailleurs n’était pas du tout l’objectif de départ. Puis j’ai basculé dans la restauration avec les stages, j’ai eu des petits contrats par ci par là. Finalement j’ai décroché mon diplôme en 2016, dans la restauration, j’ai travaillé en tant que commis, et aussi en tant que chef cuisine. Récemment je me suis dit : « pourquoi pas entreprendre. »
« Je trouve au fond de moi ce goût du partage et le plaisir d’entreprendre. »
J’aime gérer, j’aime entreprendre, je suis quelqu’un de spontanée, j’aime aussi faire plaisir, être au contact des autres. C’est quelque chose qui a toujours été en moi, depuis toute petite, d’où le fait que je trouve au fond de moi ce goût du partage et le plaisir d’entreprendre.J’aime gérer, j’aime entreprendre, je suis quelqu’un de spontanée, j’aime aussi faire plaisir, être au contact des autres. C’est quelque chose qui a toujours été en moi, depuis toute petite, d’où le fait que je trouve au fond de moi ce goût du partage et le plaisir d’entreprendre.
Selon votre vécu, votre expérience quelle définition faites-vous du mot entreprendre ?
Entreprendre c’est oser, ne pas avoir peur de l’échec, c’est important parce que si on a peur de l’échec on n’ira pas loin. Entreprendre, le mot peut-être paraître grand mais vraiment ce n’est rien. On peut entreprendre avec zéro euro, donc je le dis et je le répète, parce que je suis parti de rien en fait.
Alors qu’en est-il des difficultés rencontrées ?
Pour ce qui est des difficultés, moi je n’en ai pas rencontré beaucoup, parce que j’avais un peu de connaissances dans ce domaine dans le milieu. Je sais aussi aller chercher la solution là où elle se trouve. Il y a des difficultés financières, des difficultés à s’installer, des difficultés à retrouver aussi sa place en tant que femme dans ce monde-là, c’est très compliqué. Aussi mais il faut juste ou simplement s’imposer, j’appelle la femme plus particulièrement la femme africaine à être indépendante. Tant qu’on est indépendante on arrive à faire quelque chose de génial, on peut même dépasser des hommes. Dire que on va y arriver quoi qu’il en soit. Donc moi en tout cas c’est ma devise, j’avance, je n’ai pas peur de prendre des risques, je fonce, j’avance jusqu’au bout même si je me heurte à un mur je sais que derrière il y aura quelque chose.
Parlez-nous de votre relation avec ta clientèle ?

Après, la clientèle, elle varie. Il y a les jeunes, les adultes. Au tout début pour me faire de la clientèle, cela n’a pas été facile. J’ai fait du porte-à-porte, j’ai fait des dégustations sur les réseaux sociaux, un peu de tout mais j’y arrive. Je veux aider la clientèle à découvrir autre chose que la cuisine habituelle, qu’elle soit française ou autre.
Qu’est-ce qui compte le plus dans votre vie et quel est l’élément qui vous y a le plus marquée ?
D’abord ma famille. La famille me soutient beaucoup et aussi mes enfants. Cela me motive beaucoup en fait. Et le malheur qui m’a le plus marqué dans ma vie c’est la perte de ma mère, il y a déjà une dizaine d’années. Ce que je pleure encore aujourd’hui, c’est qu’elle ne soit pas là, pour voir tout ce que j’ai pu faire, tout ce que j’ai entrepris. Je dirais que c’est une réussite parce que rien n’est plus beau que de réaliser son rêve, de faire quelque chose qui vraiment nous ressemble, de voir grandir ses enfants d’entreprendre et de se dire que tu es arrivée là où beaucoup ont échoué. Vraiment c’est une fierté pour moi parce que j’ai démarré toute seule, avec rien, et j’aurais préféré que ma mère soit là pour assister à tout ça. Ce serait le plus beau cadeau de ma vie.
Un mot auquel vous vous identifiez ?
Les mots auxquels je m’identifie sont « défi » et « guerrière »
Expliquez-nous votre initiative ?
Le constat que je fais aujourd’hui, c’est que sur Toulouse on est nombreux. Beaucoup d’entre nous ont une entreprise. Donc on a des entreprises dans tous les domaines. Je me suis dit pourquoi ne pas faire sortir de l’ombre beaucoup d’entre nous et faire connaître nos initiatives. Finalement à Toulouse il y a tout ce qu’il faut. Certaines personnes qui veulent réaliser un événement font appel à des gens de Paris ou d’autres villes mais pourquoi pas chercher parmi nous ici ?
Il est important de créer un noyau de personnes actives et de le faire grandir progressivement. Ici ce n’est pas notre pays d’origine mais on essaie de faire quelque chose qui pourrait servir non seulement ce pays la France, mais aussi notre pays à nous, le Sénégal. Parce que ce qu’on entreprend aujourd’hui ici on peut forcément le reproduire ailleurs. Ce que nous avons fait en France, on peut le refaire au Sénégal. Nos activités, en cas de réussite, seront en même temps au service de la France et de nos pays d’origine, le Sénégal, en ce qui me concerne. Quoiqu’il en soit, on va rentrer chez nous un jour. On peut toujours rentrer avec des économies, si notre affaire marche bien, alors qu’on ne pourra pas amener la clientèle avec nous.
« Ici ce n’est pas notre pays d’origine mais on essaie de faire quelque chose qui pourrait servir non seulement ce pays la France, mais aussi notre pays à nous, le Sénégal. Parce que ce qu’on entreprend aujourd’hui ici on peut forcément le reproduire ailleurs. Ce que nous avons fait en France, on peut le refaire au Sénégal. »
Quel est votre message ?
Le message que je voudrais envoyer aujourd’hui c’est de dire que tout est possible ; quand on veut on peut. Il faut surtout se donner les moyens. Il est important aussi de s’entraider, parce que sans l’aide on ne peut rien faire. Je tiens aussi à remercier ma famille car sans eux je ne serais pas là aujourd’hui je remercie tout le monde. Je veux leur dire que ce n’est pas facile aujourd’hui, l’événement que j’organise mais je le fais avec plaisir. Même si je ne gagne pas grand-chose c’est un plaisir pour moi et ce plaisir-là il n’a pas de prix. J’invite tout le monde en tout cas à y assister, à surtout venir me soutenir parce que ce n’est pas facile d’organiser tout seul. Mais vraiment je crois à ce que je fais, c’est pourquoi je le réalise aujourd’hui et j’espère que ce sera une réussite heureuse. On pourra dire que c’était une première édition. Les autres événements à venir se passeront beaucoup mieux, avec l’expérience que nous aurons acquise.


