
Ce jeudi après-midi (12 décembre 2024), la Salle Tramway de l’Université de Bordeaux Montaigne fait une place importante à la découverte, à mille et une émotions et à l’émerveillement. La Journée Internationale de la Langue Arabe s’y déroule avec une riche variété de prestations : conférence illustrée sur l’art de la calligraphie arabo-musulmane, présentée par Fatima Khelef, professeure d’arabe et calligraphe, lecture de poèmes en version bilingue arabo-française, des étudiants de Licence d’arabe de l’enseignante Malika Mahzoul, accompagnés au luth (oud) par le musicien palestinien Nawras Ibrahim et projection d’un film sur le henné, réalisé par Ingrid Calixte, de l’association Blabla du centre Social de la Châtaigneraie de Pessac (Gironde). Cette riche Journée se termine par un buffet convivial autour duquel on se retrouve pour un moment d’échange.
Un travail d’équipe en amont de l’événement
Un travail d’équipe a rendu possible cet événement. L’équipe constituée en amont de cette Journée comprend une coordinatrice, Fouzia Ouirini, Bordeaux-Montaigne (chargée de l’événementiel au Pôle Culturel de l’Université et du livre en arabe dans la Bibliothèque Rigoberta Menchu), des enseignants, tels que la professeure d’arabe et calligraphe Fatima Khelef, l’enseignante d’arabe Malika Mahzoul, l’enseignant-chercheur du CELFA-Plurielles, Raphaël Lucas, des acteurs associatifs comme : du Centre Social de la Châtaigneraie de Pessac.

Ingrid Calixte a projeté un film captivant sur les significations sociales et culturelles du henné, un langage esthétique à part entière. Outre les enseignants et les acteurs associatifs, les étudiants de Licence de Malika Mahzoul ont joué un rôle important en faisant vivre la langue arabe à travers des récitals bilingues de poèmes de langue arabe. Mais le voyage à travers la langue a d’abord commencé par l’étape initiale et initiatique de la calligraphie arabo-musulmane dont Fatima Khelef, enseignante et calligraphe, a retracé le parcours historique et esthétique, au cours d’une conférence illustrée par des images projetées sur un écran.
La calligraphie arabo-musulmane : une esthétique de l’écriture fille de l’Histoire
Fatima Khelef retrace l’aventure historique, esthétique et spirituelle de la calligraphie. Cet art s’est affirmé au cours d’une brillante époque de rayonnement de la civilisation arabo-musulmane, laquelle s’étend du milieu du VIIe siècle au milieu du XIIIe, celle des dynasties Omeyyade et Abbasside. La calligraphie tient peut-être de cet Âge d’Or sa force de célébration. Parallèlement « Elle a permis à l’écriture de dépasser sa fonction utilitaire pour mettre en valeur une dimension esthétique et spirituelle », nous dit Fatima Khelef.

L’enseignante explique le rôle des grands calligraphes et grammairiens, qui ont permis l’émergence de 6 styles aux usages différents, ainsi que les règles d’équilibre et d’harmonie dans la formation des lettres. Ces règles, loin d’uniformiser les lettres, libèrent, au contraire, l’inspiration. Les images présentées, dans un souci pédagogique, sur Power Point, illustraient les étapes, les règles et les dimensions de la calligraphie. En utilisant un tableau, Fatima Khelef a ensuite procédé à une séance d’initiation auquel une grande partie du public a adhéré.

Après ce moment visuel de la calligraphie, l’heure était venue d’entendre les sonorités de la langue arabe magnifiée par la poésie. Le choix de lectures bilingues nous donnait accès aux nombreuses significations de ces messages poétiques.
Que nous disent ces poètes de langue arabe à travers leurs paroles poétiques ?
Ils déploient devant nous un grand mouvement de révoltes plurielles, portées par la puissance évocatrice de la langue arabe : révolte contre l’oppression des femmes (La Koweitienne Souad el Sabah), révolte contre la tyrannie (le Syrien Nizar Qabbani), le refus de la soumission (l’Égyptien Amal Dunqui) le problème de l’exil et de l’identité (le Palestinien Mahmoud Darwich), la dénonciation du racisme anti-Noir (le Soudanais Mohammad Al Faytouri).

Les étudiants de Licence d’arabe
Des étudiants, venus d’horizons divers et soigneusement préparés par Malika Mahzoul, ont fait vibrer dans leurs voix les émotions poétiques.

Le joueur de « oud » Nawras Ibrahim, dont la technique musicale narrative rappelle parfois le Trio des Frères Joubran, a su mettre sa virtuosité au service des sinuosités de la parole poétique.
Voyage culturel et partage convivial
La diversité des moments présentés (calligraphie, récital poétique, court-métrage sur la pratique culturelle du henné, illustration musicale) et la participation d’acteurs multiples ont enrichi cet événement. Le buffet convivial a contribué à alimenter ce moment de partage en l’agrémentant de pâtisseries et de thé à la menthe. Les participants et une grande partie du public extrêmement varié souhaitent la poursuite de cette belle aventure culturelle autour de la langue arabe.
Auteur : Rafael Lucas, Kaddu Diaspora Média
