Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire ; Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les Morts ne sont pas sous la terre : Ils sont dans l’arbre qui frémit ; Ils sont dans le Bois qui gémit ; Ils sont dans l’Eau qui coule ; Ils sont dans l’Eau qui dort ; Ils sont dans la Case, ils sont dans la foule : Les Morts ne sont pas morts. Birago DIOP, (1906-1989).

Changer d’horizon
Nouha TAMBA est né le 1er février 1938, à Coubalan, un village situé en Basse Casamance. En 1960, il immigre en Côte d’Ivoire où il a travaillé comme soudeur tôlier pour le compte d’une entreprise française. Quatre ans après il retourne au Sénégal avec sa famille. Aventurier, mais aussi voulant améliorer les conditions matérielles de sa famille, il est tenté par d’autres pérégrinations, au-delà de l’Atlantique. Ce sera la France. C’est ainsi qu’il déposera ses valises à Bordeaux en 1965.
Homme influent parmi ceux de sa génération
Son intégration professionnelle s’est faite très vite car Nouha Tamba était un chaudronnier soudeur qualifié. Il est donc vite employé dans une société nommée Duru et Laerme, où il est resté jusqu’en 1973. Puis, il intègre l’usine FORD de Blanquefort en qualité de chaudronnier soudeur. Il y restera jusqu’en 1994, année où il fait valoir ses droits à la retraite anticipée. Si son parcours professionnel a été bien rempli, son engagement au service de l’humain l’a été davantage. Et pourtant du Sénégal rien ne le prédestinait à accomplir des actions hors du commun, qui ont fait de lui l’homme très influent qu’il a été parmi ceux de sa génération.
Aventure individuelle et intérêt collectif
Figure emblématique de la communauté africaine, Nouha Tamba a exercé un leadership incontestable, combinant aventure individuelle et intérêt collectif dans son combat. Parallèlement à ses activités professionnelles, notre regretté a largement contribué à l’insertion d’immigrés africains et des personnes en situation difficile avec l’administration française à Bordeaux.
Il est le fondateur de la première association des ressortissants de l’Afrique francophone qui s’appelle CERAN (Comité d’entraide des ressortissants d’Afrique Noire) (Sénégal, Mali, Guinée…) 1973-1977). Le CERAN a ensuite respectivement donné naissance à l’ATSB (1977-1986) (Association des Travailleurs Sénégalais à Bordeaux), ATOSG (Association des Travailleurs Originaires du Sénégal en Gironde) (1986-1995) et l’UTSF (l’Union des Travailleurs Sénégalais de France) 1995 à jours).
Soucieux du sort des émigrés africains, il a mobilisé ses connaissances et ses compétences pour essayer de trouver des solutions aux problèmes que rencontraient ses compatriotes sénégalais et africains.
Le CERAN, tel que Nouha Tamba l’a managé, obéissait à une logique de prise en charge correcte des personnes ayant quitté le pays afin d’améliorer leur cadre de vie. D’autre part en tant que responsable moral, il a été un médiateur reconnu et apprécié par ses frères africains nouvellement arrivés sur le sol français et confrontés à d’épineuses difficultés administratives.
En ce qui concerne le domaine de l’insertion sociale, il a trouvé du travail à beaucoup d’immigrés au sein de l’usine Ford où il était embauché comme chaudronnier soudeur qualifié.
Il a travaillé avec des structures d’accueil et des organisations humanitaires. Un travail qui lui a permis d’accompagner beaucoup de ressortissants africains malades venus se soigner à Bordeaux. Sa maison à Bacalan, où il vit depuis 1966 et où il a laissé son dernier souffle, était par moment une maison de convalescence. Nouha y a accueilli plus d’un malade et même des personnes qui venaient subir une intervention chirurgicale.
Une anecdote : Il a même accompagné un hôte de marque venu se faire soigner à Bordeaux et qui se trouve être Monsieur Diouf, père de l’ancien Président Abdou Diouf.
Un accélérateur d’intégration
Il a été un accélérateur pour l’intégration et l’insertion des immigrés africains. D’où son panafricanisme inné. Beaucoup de ses compatriotes ont ainsi surmonté les difficultés liées à la barrière de la langue, du logement et aussi celles liées aux démarches administratives.
Sa très grande croyance à la religion de l’effort, de la disponibilité, de l’initiative et de la créativité lui a naturellement et indéniablement permis durant les années 80 et 90 de bénéficier du statut privilégié de collaborateur de Monsieur Robert O’Quinn jadis Consul honoraire du Sénégal, domicilié au N° 15 quai LOUIS XVIII à Bordeaux. Par le biais de ce prisme Il a été interprète auprès du Ministre de l’Intérieur, afin de représenter la communauté sénégalaise.
Le succès de cette mission lui a fait obtenir une décoration relative à une médaille de l’Ordre du Mérite, remise par le Président Léopold Sédar Senghor venu à Bordeaux lors d’une cérémonie spécialement organisée à son honneur.
Pour tous ces services rendus, Nouha Tamba a exprimé de son vivant la manifestation d’une loyauté à son pays, le Sénégal. Un héritage de valeurs de ses parents basé sur le Jom, le Fitt et la Teranga bdont on sait qu’il est un mélange savamment dosé de dignité, de générosité, de Courage, de tolérance et d’Hospitalité.
Cet article est le prolongement de l’entretien vidéo réalisé par l’UTSF, en avril 2023.
Rédaction : Kaddudiaspomedia.com
Archives Famille Tamba – Remerciements à Nathalie Tamba Fille du défunt (Qu’il repose en Paix).

Merci beaucoup Tonton pour ta générosité envers tous ! Tu es un exemple à suivre. Repose en paix Tonton