
Nous sommes dans l’atelier de l’artiste, ce mardi soir 1er octobre. Nous entrons dans un corridor plongé dans l’obscurité, sombre comme un tunnel. Au bout, la lumière et les couleurs nous attendent ainsi que le sourire accueillant du peintre sénégalais Papa Gora Seck, ou Geuz, de son nom d’artiste.
Ce peintre autodidacte, talentueux et discret, enfant de La Médina de Dakar, issu d’une famille d’artistes, est lauréat de Prix en France et en Belgique, plusieurs fois invité à la RTS (Radio Télévision Sénégalaise). Après son exposition à Agen (6-30 janvier 2024) au Blue Fox Coffee, il prépare une nouvelle exposition chez Samanke Lounge au 23 avenue Camille Pelletan 33270 Floirac. Cette expo s’inscrit dans la nouvelle démarche de Geuz, annoncée dans l’exposition d’Agen, intitulée « Nouveau souffle pour une nouvelle ère ». Elle correspond au nouvel esprit de changement en profondeur annoncé par le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars dernier et confirmé par son Premier Ministre Ousmane Sonko, dans les termes de « changement systémique ».
Moussa Diop et Rafael Lucas de Kaddu Diaspora Média sont présents dans l’atelier de Geuz. Les caméras et micros sont prêts à enregistrer une conversation décontractée, au milieu des confidences pleines de vie des tableaux.
Mixer les cultures, les époques et les inspirations
Rafael Lucas : Je vois des cauris, un tableau représentant la sélection nationale de foot du Sénégal (Les Lions de la Téranga) et une toile montrant le 1er Ministre Ousmane Sonko. Peut-on voir ces images comme une double inscription, à la fois dans la culture traditionnelle et dans l’histoire contemporaine ?

Papa Gora Seck, alias Geuz : Oui, tout à fait. Je me sens bien sénégalais, bien implanté dans la culture sénégalaise mais j’ai une identité tranquille et ouverte. Elle est ouverte sur l’Histoire actuelle car on n’est pas obligé de montrer des scènes et des personnages du passé. Nous sommes témoins d’une histoire et des changements qui se passent sous nos yeux. Ma peinture reflète cela aussi. Le palmarès du foot sénégalais et la victoire récente de la démocratie font partie de nos réussites nationales. Quant aux cauris, on les trouve dans beaucoup d’aspects de la culture traditionnelle sénégalaise et ouest-africaine. Ils servaient autrefois de monnaie et d’objets utilisés pour prévoir l’avenir. Ils accompagnent des cérémonies, ils sont très utilisés dans les bijoux symboliques de l’Afrique.
Les confidences des couleurs
RL : Il y a beaucoup de blanc et de bleu. Que nous racontent ces couleurs ?
Geuz : Le blanc c’est d’abord la lumière et la lumière est un élément très important dans la peinture. C’est aussi une couleur de la spiritualité. Le bleu est très présent dans la vie quotidienne et culturelle au Sénégal. Il représente aussi des rêves, des projets, des aspirations. Je ressens le bleu comme symbole d’une attitude de recherche, de démarche. Mais aussi chez moi il est associé à un souvenir personnel. Quand j’étais petit, on avait parfois des difficultés matérielles. Et une fois, afin de nous faire des vêtements, ma mère a coupé une partie de son grand boubou bleu. Ce bleu généreux de ma maman est resté dans ma mémoire.

Peindre le changement
RL : En parlant de bleu, je remarque ce grand portrait d’Ousmane Sonko, actuel Premier Ministre du Sénégal. Le tableau a quelque chose d’une affiche de cinéma. Est-ce que cela traduit une influence de votre père qui a baigné dans le milieu du cinéma ? Par ailleurs qu’est-ce qui vous inspire dans le parcours mouvementé d’Ousmane Sonko ?
Geuz : Oui, il y a une mise en scène de l’image de Sonko car il incarne un changement profond dans l’histoire politique et sociale sénégalaise. Devant lui un public composé de beaucoup de jeunes, pour qui il représente un grand espoir. Il est sérieux, il a un visage confiant et sérieux car ses responsabilités sont grandes pour aujourd’hui et pour l’avenir. La jeunesse aura un rôle important dans l’avenir qu’il est en train de construire.

Une humanité qui nous rassemble et nous ressemble
RL : Peut-on dire qu’il y a de l’humanisme dans ta peinture ?
Oui mais pas au sens d’un humanisme des livres. Pour moi l’humanisme, c’est qu’on ne laisse personne de côté. On inclut les femmes, les jeunes, les handicapés, tous ceux qui font partie de notre humanité.

RL Dans un de tes tableaux plein de couleurs, je ne vois pas, à première vue, un thème central. Il y a-t-il un côté abstrait ?
Geuz : Oui en partie, mais ici je peins le mouvement, le dynamisme qu’il y a dans la vie. Il y a aussi du métissage des couleurs. C’est également la musique de l’âme qui fait danser ces couleurs. Pour terminer je remercie Kaddu Diaspora Média qui parle de nous avec une conviction et qui met en valeur notre travail. Je vous invite à aller voir sur diaspomedia.com le travail que ce média déploie avec professionnalisme, discrétion et simplicité.
Vendredi 11 Octobre 2024, 17 h-21 heures : vernissage exposition chez Samanke Lounge au 23 avenue Camille Pelletan 33270 Floirac.
