L’Union des Travailleurs Sénégalais en France (l’UTSF) a rendu hommage aux Tirailleurs sénégalais et aux combattants d’autres pays africains, comme elle le fait tous les ans. Ce voyage mémoriel sur les lieux où sont enterrés de nombreux Tirailleurs s’est enrichi de l’apport de plusieurs associations partenaires de l’UTSF. Kaddu Diaspora Média était du voyage.

En ce lundi 11 novembre 2024, l’UTSF (l’Union des Travailleurs Sénégalais en France) et plusieurs associations africaines partenaires ont affrété un bus afin de se rendre à La Teste-de-Buch et à Cazaux (Gironde). Les étudiants sénégalais de l’ABESS (Association Bordelaise des Etudiants et Sénégalais et Sympathisants) ont contribué par leur présence à donner de la continuité et une plus forte représentativité à l’événement. Ce déplacement avait pour but de rendre hommage aux nombreux Tirailleurs sénégalais et africains de la Guerre de 14-18. Le maire de la Teste de Buch, M. Patrick Davet, rappelle dans son allocution que cette guerre terrible « avait fait 9 millions de morts, parfois au rythme de 900 par jour. »

Thiaroye le massacre oublié
Parmi ces morts, de très nombreux Africains ont « abreuvé les sillons » de leur sang. Environ 950 d’entre eux sont enterrés dans la Nécropole du Natus de La Teste-de-Buch. M. Dame Gadji, le président de l’UTSF, a évoqué le sacrifice de ces « milliers d’Africains qui partaient à des milliers de kilomètres de chez eux, pour prendre part à des combats sanglants, dont la cause était bien loin de leurs réalités ».

C’était l’occasion de rappeler un épisode tragique et oublié de l’Histoire : le 1er décembre 1944, plusieurs dizaines de Tirailleurs africains (jusqu’à 400, d’après certains historiens) regroupés au camp de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, avaient été massacrés par l’armée française, alors qu’ils réclamaient leurs soldes impayées. Le cinéaste sénégalais Ousmane Sembène leur rendra hommage dans son excellent film Camp de Thiaroye (1988). En cette année 2024, le 106 ème anniversaire de l’Armistice de 1918 correspond au 80 ème anniversaire du massacre de Thiaroye.
Une dynamique de partenariat

La cérémonie de La Teste et de Cazaux a été organisée en synergie avec les autorités locales, municipales, préfectorales et militaires, dans un esprit de partenariat qui tient à cœur à M. Malick Ndaw, ancien président de l’association. La cérémonie, ponctuée de démonstrations militaires bien orchestrées, avec précision et sobriété, incluait aussi le Conseil Municipal des Enfants. Les sonorités de la cornemuse ont alterné avec une marseillaise émouvante, pendant que le soleil libérait l’atmosphère du reste de grisaille qui traînait au-dessus des pinèdes girondines. La deuxième partie de l’événement, qui a eu lieu au Château du Diable à Cenon, a été rythmée par trois temps forts : un repas convivial, une projection de documentaires et un débat animé par le professeur Mar Fall.
La parole en liberté
Au cours du débat, de nombreuses questions ont été abordées. L’importance des associations partenaires est partagée par l’ensemble des dirigeants et des membres de l’UTSF. Les représentants des associations partenaires ont affirmé leur volonté de contribuer à la dynamique africaine intégrative et dynamique de l’UTSF, en particulier M. Tchassim le président de l’Association Panafricaine. L’anthropologue Abdou Goudiaby a insisté sur le rôle de la transmission, en écho à l’inquiétude de Omar Sow qui trouvait que « le nombre de participants avait diminué ». Pour Mar Fall, « il s’agit du mouvement même de la vie ». L’injustice du massacre de Thiaroye a longtemps animé les débats. Malick Ndaw et Philippe Salomon estiment « que le même sang versé devrait donner accès aux mêmes droits. »

Malick Ndaw énumère ensuite tous les obstacles administratifs que l’on avait accumulés face aux démarches des Anciens Combattants pour obtenir une pension digne. Cela allait jusqu’à « la cristallisation des pensions » destinée à « économiser » sur les dépenses de l’Etat. Moussa Diop, chargé de la communication du 80 ème anniversaire du Massacre des Tirailleurs africains au camp de Thiaroye, a souvent posé les grandes lignes de cet événement.

Un hommage a été rendu au jeune artiste Abdoulaye Seydi qui, surmontant certains handicaps, dessine et fait de la sérigraphie avec ses pieds. Une vidéo l’a montré dans son quotidien. Avant la fin de ce moment d’échange, Mar Fall rappelle le rôle du député Blaise Diagne qui s’était battu pour obtenir la citoyenneté et l’éligibilité pour « les 4 Communes » : Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque, les 4 premières communes de plein droit instituées par la France au Sénégal (loi du 29 septembre 1916).
A la fin de cette riche journée, beaucoup de photos sont prises pour garder des souvenirs de ces moments agréables.
Auteurs : Rafael Lucas, Moussa Diop @kaddudiasporamedia
